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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/83

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le déclin de l’expérience poincaré

Dès avril, les délibérations des Conseils généraux ont mis au jour l’influence croissante de la volonté révolutionnaire, la faiblesse croissante des réactions patriotiques. L’incertitude politique commença et passa bientôt du gouvernement dans le pays même. Un incident de Nancy, soulevé entre quelques noctambules français et des voyageurs allemands, surexcita les pangermanistes, mais ne stimula point le patriotisme français autant qu’on l’aurait pu prévoir et désirer. Le Cabinet lui-même dut se laisser gagner par le fléchissement général : il eût pu se plaindre à Berlin des outrages gratuits de la presse allemande, il a préféré fournir une réparation aussi exagérée que hâtive d’offenses dont il était parfaitement innocent. Cependant les injures pangermanistes n’étaient pas négligeables et pouvaient être relevées. « Dira-t-on », objectait un écrivain républicain, M. Jean Herbette, « que, si la France avait interprété ainsi la situation, des difficultés se seraient produites ? La réponse serait facile : Je sais bien, disait l’honorable M. Pichon, à la tribune du Sénat le 8 février 1912, en refusant de signer le traité franco-allemand, je sais bien que certaines difficultés sont venues du fait que l’Allemagne a eu une autre interprétation que celle-là : mais alors, il fallait lui résister. »[1]

Reste à savoir si M. Jean Herbette, aussitôt qu’il aura remplacé M. Stephen Pichon aux

  1. Écho de Paris, 19 avril 1913.