Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
lxxxvi
préface de la deuxième édition

On est patriote, on est royaliste avec quelqu’un, pour quelque chose. On est républicain, surtout contre quelqu’un, pour réprouver ou désavouer quelque chose. Ce n’est pas en vertu d’un raffinement vain que de « Jeunes républicains », voulant honorer Jeanne d’Arc, trouvent à la louer comme victime de l’Église et du Roi plutôt que de la considérer tout d’abord en libératrice de la patrie : la libération de la France mettrait les gens d’accord, mais elle ôterait du culte de Jeanne le piment spécial dont les Partis ne se passent point. Dès qu’une circonstance quelconque oblige ces partisans-nés à reléguer au second plan l’intérêt factieux pour se maintenir dans la communauté de l’intérêt ou du sentiment national, ils y sont mal à l’aise, ils en souffrent, leur conscience républicaine ne tarit pas de ses chicanes à leur conscience française : chicanes juridiques, chicanes philosophiques ou religieuses, toutes ayant figure et force de scrupules. Même chez les meilleurs, elles devaient cruellement envaser la direction gouvernementale,

Mais ce n’est pas tout.

Il faut tenir compte du profit que l’on tire de toute division dans le système diabolique où le fait d’agiter l’opinion et de contredire le gouvernement fait la fortune politique des hommes.

Les méchants, qui existent, sont nés pour abuser de la conscience des bons. Leurs embûches auront d’autant plus de succès qu’elles pourront agir sur des esprits troublés et des caractères