l’humanité, ne trouverait cette signification, qui n’existe pas. Celui qui examine ne gouverne pas encore ; celui qui gouverne n’examine plus. L’acte propre du gouvernement, l’acte propre de l’examen s’excluent. Un gouvernement peut commencer par s’entourer des lumières de l’examen ; du moment qu’il gouverne, il a pris son parti, l’examen a cessé. De même, l’examen peut aboutir, par hasard, au gouvernement : tant qu’il reste lui-même, l’examen ne gouverne pas.
Et, sans doute, Charles Jundzill voyait bien que l’habitude d’examiner était établie dans son siècle et dans sa propre intelligence ; mais il ne voyait pas comment tirer de cette habitude une direction, et son expérience lui montrait en effet qu’on en tire tout le contraire.
« Étrange gouvernement que celui de l’examen ! » se dit-il. « Étrange situation mentale et sociale que celle qui consiste à examiner toujours, puis à examiner encore ! Étranges esprits qui se décernent mutuellement, ou qui s’attribuent eux-mêmes, les titres de philosophe et de penseur, et dont la vue est à ce point bornée, qu’ils prennent le moyen pour le but, qu’ils regardent comme le résultat de la crise ce qui n’est que la crise elle-même !… » Charles Jundzill traduisait ici l’étonnement, le scandale que lui causait cette gageure que son siècle tout entier soutenait en matière politique ; mais il en souffrait à beaucoup d’autres égards. Il en souffrait dans l’organisation de sa vie, car le principe d’examen ne fournit non plus aucun moyen d’ordonner la conduite privée ; il en souffrait