adolescence, avant même d’entrer à l’École polytechnique, il avait répudié le théologisme en politique aussi bien qu’en religion. Mais il n’avait pas concédé pour cela aux idées de libre examen ou d’égalité, qui lui avaient servi à atteindre cette négation radicale, les qualités de l’Être divin ni celles du Souverain absolu. Ces idées ont bien pu être acceptées comme des « dogmes », et « dogmes absolus », du temps qu’elles étaient nécessaires à ruiner le théologisme : cette acceptation ne peut être que provisoire ; elles n’ont pas de valeur propre ; elles ne peuvent ni dominer ni régner et, en tant que principes, elles sont condamnées à mort.
Par exemple, on ne peut conserver, en politique, une Doctrine « qui représente le Gouvernement comme étant, par sa nature, l’ennemi nécessaire de la société, contre lequel celle-ci doit se constituer soigneusement en état continu de suspicion et de surveillance » (on a reconnu le Libéralisme) ; une Doctrine d’après laquelle il faut « examiner toujours sans se décider jamais » (on a reconnu le Protestantisme) ; une Doctrine contredisant ou méconnaissant ce « progrès continu de la civilisation », qui « tend par sa nature à développer extrêmement » les « inégalités intellectuelles et morales[1] » (on a reconnu la Démocratie). Cette doctrine morale et politique ne pouvait que pousser au comble une anarchie dont le jeune Auguste Comte, qui en sentait le vif dégoût, voulait s’affranchir à tout prix.
- ↑ Cours de philosophie positive, t. iv.