constituée, elle avance. Une science parvenue à son degré d’organisation est devenue digne de son objet. Quand on se subordonne à elle, on ne sort pas de la sphère scientifique, on ne fait pas de l’empirisme utilitaire, on subit la loi générale des connaissances humaines, qui est la soumission de l’analyse à la synthèse et du détail à l’ensemble : la synthèse, l’ensemble étant l’explicateur unique et l’unique révélateur.
Mais classer véritablement les sciences, c’est aussi classer les objets de la science. Si toutes les sciences convergent à la science des sociétés, c’est que l’homme en société représente le corps entier de la nature. Il le résume et le couronne. Nombre mathématique, membre du système solaire, élément physique, élément chimique, être vivant, l’homme est, de plus, un être sociable : c’est par cette dernière qualité qu’il est homme ; le meilleur type de l’homme, celui qui sera le plus normal et le plus humain, sera donc le plus éminemment sociable. Ce sera l’homme chez lequel la sociabilité s’imposera et régnera.
Dans le plexus de nos instincts, cette prééminence de l’instinct social établit un nouveau principe de classement, grâce auquel l’anarchie morale peut être éliminée, comme l’anarchie mentale l’a été grâce à la classification des sciences. La sociabilité, instinct des instincts, joue le même rôle que la sociologie, science des sciences : elle se subordonne complètement le reste. Comme nous savons l’ordre dans lequel l’homme doit penser, nous atteignons ici à l’ordre selon lequel il doit sentir.