pouvoirs naturels le répétera : le Grand-Être est l’Humanité.
Comme le fait très justement remarquer l’un des meilleurs disciples de Comte, M. Antoine Baumann, humanité ne veut aucunement dire ici l’ensemble des hommes répandus de notre vivant sur cette planète, ni le simple total des vivants et des morts. C’est seulement l’ensemble des hommes qui ont coopéré au grand ouvrage humain, ceux qui se prolongent en nous, que nous continuons, ceux dont nous sommes les débiteurs véritables, les autres n’étant parfois que des « parasites » ou des « producteurs de fumier ». Cette nombreuse élite humaine n’est pas une image vaine. Elle forme ce qu’il y a de plus réel en nous. Nous la sentons dès que nous descendons au secret de notre nature. Sujets des faits mathématiques et astronomiques, sujets des faits physiques, des faits chimiques et des faits de la vie, nous sommes plus sujets encore des faits spéciaux à la famille humaine. Nous dépendons de nos contemporains. Nous dépendons bien plus de nos prédécesseurs. Ce qui pense en nous, avant nous, c’est le langage humain, qui est, non notre œuvre personnelle, mais l’œuvre de l’humanité ; c’est aussi la raison humaine, qui nous a précédés, qui nous entoure et nous devance ; c’est la civilisation humaine, dans laquelle un apport personnel, si puissant qu’il soit, n’est jamais qu’une molécule d’une énergie infime dans la goutte d’eau ajoutée par nos contemporains au courant de ce vaste fleuve. Actions, pensées ou sentiments, ce sont produits de l’âme hu-