maine : notre âme personnelle n’y est presque pour rien. Le vrai positiviste répète à peu près comme saint Paul ; in eâ vivimus, movemur et sumus, et, s’il a mis son cœur en harmonie avec sa science et sa foi, il ne peut qu’ajouter, en un acte d’adoration, la parole un peu modifiée du Psalmiste : — Non nobis, Domina, non nobis, sed numini tuo da gloriam !
Assurément la religion ainsi conçue n’est bonne que pour nous : elle n’a de rapport qu’avec la race humaine et le monde où vit cette race. L’infini et l’absolu lui échappent, mais il faut observer ici que cette condition ne s’impose pas moins à la science la plus rigoureuse. « Rien n’empêche, dit Comte[1], d’imaginer, hors de notre système solaire, des mondes toujours livrés à une agitation inorganique entièrement désordonnée, qui ne comporterait pas seulement une loi générale de la pesanteur. » Cette imagination du désordre sert d’ailleurs à nous faire apprécier mieux et même chérir (le mot revient souvent) les bienfaits de l’ordre physique qui règne autour de nous[1] et dont nous sommes l’expression la plus complète.
Ce point bien médité, inutile de s’arrêter aux curiosités spéculatives. La logique humaine, ou philosophie, n’est que « l’ensemble des moyens propres à nous révéler les vérités qui nous conviennent[2] ». Les vérités qui nous conviennent. Non les autres. Qu’en