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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/16

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l’avenir de l’intelligence

triel. Mais rendons-leur cette justice : un vieux tact mercantile leur a donné le sentiment des valeurs personnelles. Nos Juifs se trompent rarement sur le prix d’une intelligence. Ils ne commettraient pas les erreurs, les oublis et ces confusions pitoyables où se laisse égarer la bonne foi de nos amis.

Mais qu’importe, mon cher ami ? les barbares sont les barbares, et nos amis sont nos amis ! Même aveugles, même un peu morts, c’était à eux que nous destinions Minerva. Nous les aurions certainement suspendus à nos feuilles, comme l’exemple de l’Action française[1] le prouve bien, si nous avions rempli vos livraisons de la querelle des intérêts ou des sentiments nationaux. Peut-être rendions-nous un service égal en proposant dans Minerva des renseignements, des clartés, sur autre chose que la politique pure. Notre grande utilité était là. Une revue de tradition et de sentiment purement français, mais libre, mais laïque et qui se dévouerait à la seule littérature ! La dureté des temps s’est opposée à ce beau rêve. Observez qu’il

  1. L’Action française est la revue de philosophie politique publiée sous la direction de M. Henri Vaugeois, et à laquelle collaborent des nationalistes de toute origine : Léon de Montesquiou, Lucien Moreau, Jacques Bainville, le marquis de la Tour du Pin, Louis Dimier, Richard Cosse, Augustin Cochin, Lucien Corpechot, Antoine Baumann, Robert Launay, Xavier de Magallon, Henri Mazet, ainsi que l’auteur de ce livre.