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préface

en fut de même à peu près partout. De très grandes publications, qui se distinguaient autrefois par l’étude et la méditation désintéressées, prennent la croix ou le turban et partent pour la guerre. Cette guerre doit être de première nécessité, puisqu’on la déclare de toute part et qu’il faut se jeter dans un camp ou dans l’autre. De longtemps, on ne saura plus se promener en discutant sous le platane. Votre gymnase de critiques, d’historiens et de psychologues eût été fréquenté aux matins de la préparation et de l’exercice. Aujourd’hui, chacun s’est armé et entraîné. Tout est prêt. À l’action ! et je ne demande pas mieux. Mais ce ne sera point sans tourner des yeux de regret vers la noble palestre et le généreux pentathle de Minerva. Écrivains et public y seraient devenus meilleurs.


ii

Nul esprit ne peut se flatter d’une connaissance vraiment satisfaisante et certaine de l’avenir. Prévoir, essayer même de prévoir est une maladie du cœur. Nous l’avons reçue de nos mères avec les inquiétudes que leur inspirait notre vie. L’avenir, c’est de la crainte ou de l’espérance. Mais on peut craindre à juste titre et espérer à contresens, Où n’atteint pas la précision de la science, l’apprécia-