Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/202

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Ce qui devait être a été. Pendant que M. de Régnier faisait dans Aréthuse et dans les Médailles d’argile une régression parnassienne du plus médiocre intérêt, le poète de l’Ombre arrêtait, mais sans tremblement, ni hésitation, ni reprise, le premier mouvement qui nous avait émerveillés. On pourra relire par exemple les vers qu’elle a donnés à la Revue du 15 janvier 1903. Le don paraît le même. L’imagination mythologique n’a point faibli, ni la faculté de tracer de hautes images. Comme en témoigne la fin de la pièce dite l’Automne, le désir du sublime, de l’absolu du pur, la tient éveillée. Mais c’est le monde qui s’est trouvé le plus fort. Je dis le monde au sens des prédicateurs : l’air ambiant, le goût du dehors, le courant trivial du commun des petits lettrés. N’oublions toujours pas que cet esprit classique était logé dans une femme.

L’héroïne de l’Inconstante, le petit conte impertinent que l’on attribue à Mme  de Régnier, nous est proposée pour le portrait de l’Ève éternelle. Nous voyons Gillette sourire « sans attention » à un passant par cette raison qu’elle n’a rien de mieux à faire. Du tempérament par bouffées, de la tendresse par surprise, « un cœur triste et changeant », un esprit de « voyou candide ». Prendre de son moi féminin une idée si modeste établit clairement qu’on y est