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le romantisme féminin

Nous avons distingué des imitations que l’on fait comme des devoirs ces reprises sincères et fiévreuses, que l’auteur dirait pleines de cœur et pleines de sang. À la fougue, à la vérité, au naturel, se reconnaît l’invention. C’est seulement une invention qu’il faut dater et situer. Laissons donc Ronsard et Racine. Voici le centre du poète, voici la date fatidique de son avènement au ciel troublé de la poésie : Dix-huit-cent-trente. S’il était possible d’en douter, nous n’aurions qu’à ouvrir ce roman, la Nouvelle Espérance, nouveau Werther qui nous ressuscite à la lettre les sentiments de la génération de René et de celle d’Adolphe, avec cette couleur précise du costume et de la parure que la vogue de 1830 y vint ajouter. « Mélancolie ! mélancolie ! axe admirable du désir ! Faiblesse du rêve à qui aucun secours, hors le baiser, n’est assez proche ! pleur de l’homme devant la nature ! éternel repliement d’Ève et d’Adam !… » Ceci fixe la qualité des lectures prépondérantes.

Le sens de l’antique est plus pur que chez Renée Vivien ; on ne trouve chez la comtesse de Noailles aucune réminiscence, même confuse, de l’Océan barbare, ni des troubles particuliers à la conscience chrétienne. La demi-grecque oublie la notion du péché. Elle songe la Mort comme l’ont songée les plus anciens d’entre les Anciens. C’est un obscur endroit d’où l’on pense à la vie avec quelque regret et d’où l’on veut savoir les nouvelles de notre monde. Les morts sont consolés, quand un trou creusé dans la terre insinue jusqu’au séjour où l’ombre se mêle à la cendre, un