nique, qui saigne en elle et, jointe au dépit, une rancune sombre, mêlée d’envie :
— Et moi ? qu’est-ce que j’aurai ?
Tous les aiguillons de l’amour féminin, toutes ses arrière-pensées dorment dans cette phrase. Ils tendent bien au même point : faire rejaillir au dehors, à force de presser, cette nappe brûlante de douleur, d’amertume, de désir et de joie que le cœur exercé enveloppe de ses replis. Qu’elle aspire à l’amour ou qu’elle l’ait trouvé enfin, c’est elle-même, c’est le chaud sentiment de sa propre vie que la femme est sans cesse excitée à poursuivre. Tout le songe de vivre n’est, en somme, pour elle que passer et repasser devant ses miroirs, et les plus vivaces possible : aux beaux jours, ils sont tout ardents et lui renvoient son image pleine de feux. Il est trop naturel que, la plume à la main, elle excelle à conter la grande pensée de sa vie.