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mademoiselle monk

besoin d’être fait, et qu’il ne serait point arrivé naturellement,la nonchalance de M. de Talleyrand m’était insupportable. »

Enfin, le mot décisif fut prononcé :

Madame de Coigny, je veux bien du Roi, moi, mais

Mais elle lui sauta au cou. L’ex-évêque ne stipula rien, que sa propre sûreté, ce qui fut accordé sans peine, et, bientôt, dans la vacance du pouvoir, qui ne tarda point, M. de Talleyrand osa, risqua et réussit.

On me demandera si Talleyrand n’eût pas conçu, de toute façon, la même entreprise : un tel projet n’était-il pas alors dans l’air du temps, dans la force des choses ? Je n’aime pas beaucoup l’air du temps, je ne sais pas bien ce que c’est que la force des choses. Aimée de Coigny a raison, les événements n’arrivent point naturellement. Il faut quelqu’un pour leur donner figure humaine, tour utile et heureux. Dégageons nos esprits de ce fatalisme mystique. En 1814, plusieurs solutions se montraient. Si la meilleure prévalut, c’est en majeure partie par un effet de l’adresse de Talleyrand. Mais rien ne prouve que Talleyrand s’y fût employé sans les instances et les assurances précieuses dont il était l’objet de la part de Mlle de Coigny et du marquis de Boisgelin, celui-ci expressément accrédité par le Roi.

Les vieux routiers de la politique excellent à exécuter un projet. Ils en ont rarement le premier éclair. Habitués à chercher le moyen le plus commode, il leur arrive de rechercher aussi (ce qui est tout diffé-