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12. Le barrage.


Voici donc la situation.

L’industrie et son machinisme fait abonder la richesse, et la richesse a compliqué la vie matérielle des hautes classes françaises. Cette vie est donc devenue de plus en plus différente de la vie des autres classes. Différence qui tend encore à s’accentuer. Les besoins satisfaits établissent des habitudes et engendrent d’autres besoins. Besoins nouveaux de plus en plus coûteux, habitudes de plus en plus recherchées, et qui finissent par établir des barrages dont l’importance augmente. Tantôt rejetés en deçà de cette limite, tantôt emportés par-dessus, les individus qui y passent se succèdent avec plus ou moins de rapidité ; en dépit de ces accidents personnels, les distances sociales s’allongent sans cesse. Ni aujourd’hui ni jamais, la richesse ne suffit à classer un homme : mais, aujourd’hui plus que jamais, la pauvreté le déclasse. Non point seulement s’il est pauvre, mais s’il est de petite fortune et que le parasitisme ou la servitude lui fasse horreur, le mérite intellectuel se voit rejeté et exclu d’un certain cercle de vie.

Il n’en doit accuser ni les hommes, ni les idées, ni