être considérables, soit à son point de vue, soit à celui de ses confrères. Mais l’argentier de profession, qui est à la tête de la société moderne, ne peut que les prendre en pitié[1].
Un moraliste qui se montre pénétrant toutes les fois que, laissant à part ses systèmes, il se place devant les choses, M. Georges Fonsegrive, a remarqué que le plus gros profit de l’industrie littéraire de notre temps est revenu à M. Émile Zola. Mais ce profit, évalué au chiffre de deux ou trois millions, est de beaucoup inférieur à la moyenne des bénéfices réalisés dans le même temps, et à succès égal, par les Zola du sucre, du coton, du chemin de fer. C’est par dizaines de millions que se chiffre en effet la fortune du grand sucrier, ou du grand métallurgiste. En tant qu’affaire pure, la littérature est donc une mauvaise affaire et les littérateurs sont de très petits fabricants. Il est même certain que, les Zola des denrées coloniales et de la pharmacie réalisant des bénéfices dix et cent fois supérieurs à ceux des Menier et des Géraudel de la littérature, ces derniers sont condamnés à subir, toujours au point de vue argent, ou le dédain, ou la protection des premiers. La hauteur à laquelle les parvenus de l’industrie proprement dite auront placé leur vie normale dépassera toujours le niveau accessible à la maigre industrie littéraire.
La médiocrité est le partage des meilleurs {tiret|mar|chands}}
- ↑ La page qu’on va lire a été publiée en 1903 ; j’ai cru devoir n’y rien changer.