Aller au contenu

Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


18. L’autre marché.


Bien des lettrés ressentent un charme vaniteux à se dire qu’ils sont l’objet d’aussi vives poursuites. Ces profondes coquettes s’imaginent triompher de nos pronostics.

— Comment nierez-vous sans gageure l’importance d’une profession si courue ? Comment oser parler de la décadence d’un titre qui est « demandé » au plus haut cours ? Certes nous valons mieux que tous les chiffres alignés ; mais, même de ce point de vue, notre valeur marchande ne laisse pas de nous rassurer contre l’avenir.

… Ce qui revient à dire :

— Valant très cher, nous sommes à l’abri de la vente ; étant fort recherchés, n’étant exposés à nous vendre qu’à des prix fous, nous sommes défendus du soupçon de vénalité…

Eh ! c’est cette recherche de la denrée intellectuelle sur un marché économique qui fait le vrai péril de l’Intelligence contemporaine. Péril qui paraît plus pressant quand on observe qu’elle est aussi demandée de plus en plus et répandue de mieux en mieux sur un autre marché : le marché de la politique.