19. Ancilla ploutocratiæ.
En effet, par suite de cent ans de Révolution, la masse décorée du titre de public s’estime revêtue de la souveraineté en France. Le public étant roi de nom, quiconque dirige l’opinion du public est le roi de fait. C’est l’orateur, c’est l’écrivain, dira-t-on au premier abord. Partout où les institutions sont devenues démocratiques, une plus-value s’est produite en faveur de ces directeurs de l’opinion. Avant l’imprimerie, et dans les États d’étendue médiocre, les orateurs en ont bénéficié presque seuls. Depuis l’imprimerie et dans les grands États, les orateurs ont partagé leur privilège avec les publicistes. Leur opinion privée fait l’opinion publique. Mais, cette opinion privée, reste à savoir qui la fait.
La conviction, la compétence, le patriotisme, répondra-t-on, pour un certain nombre de cas. Pour d’autres, plus nombreux encore, l’ambition personnelle, l’esprit de parti, la discipline du parti. En d’autres enfin, moins nombreux qu’on ne le dit et plus nombreux qu’on ne le croit, la cupidité. Dans tous les cas sans exception, ce dernier facteur est possible, il peut être évoqué ou insinué. Nulle opinion, si éloquente