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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/86

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l’avenir de l’intelligence

finance anglaise faillit commettre un gaspillage : cette distribution accomplie au moment propice, appliquée aux meilleurs endroits, n’eut d’autre effet que de faciliter leur expression aux idées, aux sentiments, aux passions qui s’offraient de tous les côtés. Peut-être aussi la cavalerie de Saint-Georges servit-elle à mieux étouffer la noble voix des Veuillot et des Proudhon, traités d’ennemis du progrès. L’opinion marchant toute seule, on n’avait qu’à la soutenir.

Elle fut bien moins spontanée, lors de la guerre austro-prussienne. Certes, la presse libérale gardait encore de puissants motifs de réserver toute sa faveur à la Prusse, puissance protestante en qui revivaient, disait-on, les principes de Voltaire et de Frédéric. Le germanisme romantique admirait avec complaisance les efforts du développement berlinois. Cependant le mauvais calcul politique commençait d’apparaître : il apparaissait un peu trop. Plusieurs libéraux dissidents, qu’il était difficile de faire appeler visionnaires, sentaient le péril, le nommaient clairement à la tribune et dans les grands journaux. Ici, le fonds reptilien formé par M. de Bismarck s’épancha. La Prusse eut la paix tant qu’elle paya, et, quand elle voulut la guerre, elle supprima les subsides. Rien n’est mieux établi que cette participation de publicistes français, nombreux et influents, au budget des Affaires étrangères prussiennes.

Fût-ce un crime absolument ? Ne forçons rien et, pour comprendre ce qu’on put allier de sottise à ce crime, souvenons-nous de ce qu’était la Prusse, sur-