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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/160

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la maison dans la dune

d’haleine qu’il n’en possédait encore. Les petits verres, les femmes et le tabac lui avaient, comme il disait, coupé les jambes. Il se proposait donc d’aller à pied chez le grand Fernand. Et de là, il prendrait le tramway aussi longtemps qu’il le pourrait dans la direction de Loon. C’était plus dangereux, il le savait. La loi établit ainsi de subtiles distinctions entre la fraude à pied et la fraude sur véhicule, la brouette et la bicyclette étant assimilées au premier groupe, la baladeuse, le tram et l’auto étant classés dans le second.

Mais César espérait bien n’être pas pris. Il emportait avec lui un grand panier où il mettrait son tabac. Il le déposerait sur la plate-forme, dans un coin du tramway. Et s’il était interrogé par un gabelou quelconque, il ferait l’innocent, il nierait mordicus être le propriétaire du colis. Ce stratagème lui avait déjà réussi, une fois.

À neuf heures, son panier vide sous le bras, César arrivait devant la maison du maître-fraudeur. Avant d’entrer dans la cour, par prudence, il inspecta longuement la rue, n’y vit rien d’anormal. Alors il entra chez le grand Fernand.

L’homme était en train de casser du bois dans sa cour.