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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/178

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la maison dans la dune

profond qu’il ne s’expliquait pas. Tout près de Pascaline, sans raison, du seul fait de la présence de la jeune fille, Sylvain était indiciblement heureux. Il n’éprouvait aucun désir, seulement un contentement calme, une tranquillité, un apaisement de l’âme, comme si toutes ses aspirations eussent été satisfaites. Jamais il n’avait ressenti auprès de Pascaline une tentation trouble. L’idée d’un baiser ne lui serait même pas venue. Sa tendresse pour elle avait quelque chose de puéril. Il n’avait jamais rien connu de semblable.

Il en arrivait à s’amuser avec la jeune fille de choses qui autrefois lui eussent semblé des enfantillages. Au jardin, ou bien au cours de leurs promenades dans la campagne, aux environs, ils riaient follement tous les deux, tout le long du chemin. Pourquoi ? Sylvain se le demandait ensuite. Un rien, un mot drôle, un lapsus, une grimace, la forme singulière d’un arbre, d’un nuage, d’un caillou, suffisaient à provoquer ces rires, qui jaillissaient au moindre prétexte, comme si le bonheur des deux jeunes gens avait eu besoin de s’épancher et de se communiquer.

En quittant Pascaline, Sylvain oubliait tout cela. Il ne lui restait dans la mémoire qu’un rayonnement, un souvenir qui illuminait tout