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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/256

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la maison dans la dune

où il sentit que le sang sourdait toujours, entre ses doigts. Sa vie fuyait par là. Il appliqua sa paume sur le trou, contint cet écoulement. Et, après un nouveau repos, il put se relever, d’abord sur les genoux, puis debout.

Il se remit en marche.

— Il faut… Il faut… murmurait-il, pour lui-même.

Mais il n’y voyait plus. Il avançait dans un brouillard rouge. Un fer ardent lui brûlait le ventre. Il se pliait en deux pour étouffer cette douleur torturante. Il ne pouvait plus respirer. Il marchait à l’aveugle. Dans une demi-conscience, il traversait un monde d’incohérence, où le néant prenait corps et se heurtait à lui, où des obstacles se révélaient soudain irréels, inexistants. Il voyait ce qui n’était pas, il ne voyait plus ce qui était. Et il croyait marcher encore, il tendait et contractait toujours ses muscles, qu’il était couché à terre depuis longtemps, ayant buté et roulé par-dessus un monticule d’argile.

Allongé sur le sol, au bout d’un moment, il reprit conscience. Le sang irriguait de nouveau son cerveau, sa lucidité lui revenait. Il rouvrit les yeux, regarda autour de lui, vit de la terre, des légumes, des groseilliers. Il était dans un jardin. Une allée, encadrée de