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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/59

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la maison dans la dune

oriente l’aiguille aimantée. Il se leva, s’éloigna, fit quelques pas, revint. Il retrouvait sa voie, maintenant. Il savait quelle était la direction du retour.

— Qu’est-ce qu’il cherche ? interrogea la femme.

— Sa route. Mais ça y est. Il s’y reconnaît, maintenant.

Un moment, les marchands regardèrent Tom qui s’en allait. Et quand il se fut enfoncé dans la nuit, ils rentrèrent dans leur maison.

Tom courait bon train. La campagne était plongée dans les ténèbres. Pas de clair de lune. Mais Tom y voyait tout de même. Il suivait d’ailleurs un sentier de terre qui filait droit vers la France. À chaque foulée, Tom sentait devenir plus puissante la force mystérieuse qui le guidait. Et, allègre, ses dix-huit kilos sur l’échine, il filait à bonne allure, d’un trot allongé, régulier, soutenu, laissant derrière lui, à intervalles égaux, de légers panaches de vapeur qu’exhalait sa respiration. Il passait, grande ombre grise, déformée par l’énorme ballot qui bossuait son dos. Et dans le silence nocturne s’entendait seulement le frôlement pressé et rythmé de ses pattes sur le sol. Il n’y avait personne, la campagne