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l’aiglon blanc des illinois

coucher et une grande cuisine. Dans le jour, le berceau était placé dans cette dernière et Marguerite pouvait vaquer à ses occupations domestiques, tout en surveillant les bessons ; le soir on passait le berceau dans l’autre chambre où il occupait un espace restreint entre le grand lit des parents et la petite couchette de Francine.

Les jumeaux se ressemblaient extraordinairement : même chevelure châtain foncé, mêmes yeux bruns, même petit nez busqué, même bouche mignonne en bouton de rose… Pierre était un peu plus lourd que Nicolas, mais celui-ci se reconnaissait à une marque distinctive : sur le bras droit, au-dessus du coude, se voyait un signe, une minuscule marque rouge formée de trois lignes qui dessinaient presque parfaitement la lettre N ; ce qui faisait dire à Marguerite que bébé Nicolas avait choisi l’initiale de son nom dès son arrivée en ce monde !

« Ils dorment, les gaillards, fit le père à demi-voix.

— Oui ; vois donc comme ils deviennent beaux et forts les chéris… ils ressemblent un peu à Francine maintenant. »

Fière et heureuse la jeune mère désignait les deux petites têtes sur l’oreiller et passait sa main caressante dans les boucles soyeuses de la fillette qui s’était rapprochée.

« Tu as faim, mon homme ? continua Marguerite.

— Une faim de loup !

— Deux minutes, et nous allons souper ! »

En bonne ménagère, elle eut bientôt placé sur la table un frugal mais solide repas.

Le lendemain, le soleil devint plus chaud et dans l’air attiédi, il y avait comme un retour passager de l’été qui venait de s’enfuir : les portes du logis restaient ouvertes, les croisées laissaient pénétrer les clairs rayons de midi, et sur le seuil de la maison on s’attardait volontiers pour jouir de cette température soudain radoucie.

Après le dîner, ce jour-là, Nicolas, assis sur les marches du perron, fumait tranquillement sa pipe ; à quelques pas