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l’aiglon blanc des illinois

trois lieues de la ville, à l’entrée de la seigneurie de Saint-Sulpice, les nouveaux colons s’y étaient établis, pleins de joie et de courage, forts de leur vaillante jeunesse et de leur foi en l’avenir.

Tout de suite, Nicolas s’occupa de construire une maison, pour remplacer l’abri provisoire où la famille avait passé le premier été, parmi les autres demeures de ce bourg naissant ; puis il s’était mis à défricher un lopin du sol qu’il espérait ensemencer dès le printemps suivant.

Cet endroit, fort propice à la culture, était cependant exposé aux incursions assez fréquentes des Iroquois, et les colons devaient se tenir constamment sur leurs gardes, le fusil à portée de la main, en cas d’attaque soudaine.

Depuis maintenant trois ans que les Barbier tenaient feu et lieu dans leur nouveau domaine, leur terrain comptait déjà des champs de foin et de blé, et aussi un étroit jardin potager dont la jeune femme, Marguerite, avait assumé la charge exclusive. Leur solide maisonnette, blanchie à la chaux, et blottie au fond d’un joli bocage, faisait face au grand chemin. Leur foyer dans la patrie adoptive s’était enrichi : deux autres enfants leur étaient nés, des petits jumeaux qui avaient déjà six mois et qui se nommaient respectivement Pierre et Nicolas.

Barbier, heureux mari, heureux père, travaillait sans relâche au défrichement et à la culture de sa terre ; sa femme le secondait dans la mesure de ses capacités, mais ne pouvait guère laisser les tout-petits ; Francine, très adroite pour ses cinq ans, la remplaçait parfois auprès du berceau rustique où gazouillaient les deux bébés.

C’était maintenant le début de l’automne et les journées de mi-octobre, déjà froides, faisaient présager de fortes gelées prochaines, aussi, le colon faisait-il ample provision de bois de chauffage.

Suivi de la fillette, il entra dans la maison ; elle se composait de deux pièces seulement : une petite chambre à