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l’aiglon blanc des illinois

— Mais, chef, protesta l’Iroquois, je…

— Tais-toi, Corbeau, dit Garakonon. Je t’ai envoyé en mission pour éprouver ta bravoure, dont j’ai toujours douté. Qu’as-tu fait pour prouver ta valeur ? Avec le secours d’un autre, tu as réussi à capturer… un guerrier ? Non ! Un enfant ! Deux hommes forts et armés contre ce petit ! Le Sioux va rester ici comme esclave ; toi, poltron, tu es chassé de la bourgade sous peine d’y trouver la mort… Tu as failli à ta mission, tu es indigne de séjourner parmi les braves !

« Et toi, Aiglon Blanc, fils de chef, tu ne seras jamais esclave, mais il te faudra rester en ce pays ; je t’y laisserai libre si tu me donnes ta parole de ne pas chercher à t’enfuir.

— Pour combien de temps, grand chef, dois-je faire ce serment ?

— Pour six fois les douze lunes. Tu seras alors un homme, un brave, je le pressens, et tu pourras, si tu le désires, comme je l’espère, devenir un des nôtres ; mais tu seras libre de partir si tu le veux !

« D’ici là, se dit le Loup Noir, cet enfant sera sûrement devenu un Iroquois, et il nous gardera ainsi la protection du Génie des airs ! »

L’Aiglon resta un moment silencieux… C’était une longue captivité ! Mais que pouvait-il, seul, contre la tribu ? Levant fièrement la tête et désignant de la main l’aigle tatoué sur sa jeune poitrine, il dit gravement :

« L’Aiglon remercie le grand chef de sa clémence ; il jure par le grand Aigle, son père, de ne pas s’enfuir du pays des Onéidas pour le temps fixé. L’Aiglon Blanc est triste d’être séparé de ses protecteurs, mais le Génie des airs lui trouvera sans doute un gîte ! »

Tandis que cette scène sensationnelle se déroulait devant la demeure du Loup Noir, un attroupement considérable s’était formé et chacun semblait anxieux de voir ce captif si peu banal. Lorsque le Sioux fut déclaré esclave, les Indiens le saisirent, le rouant de coups, et lui liant les