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Page:Maxine - L'Aiglon Blanc des Illinois, 1938.djvu/117

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ÉPILOGUE


Nicolas détacha lui-même la ceinture du jeune homme. Ce n’était plus celle du gamin de quatorze ans où l’enveloppe avait jadis été fixée, mais une large bande de cuir d’où pendait un fétiche, petite sculpture en bois représentant un aigle ; cousu à l’intérieur de la ceinture, on découvrit un pli, en peau de chamois, solidement cacheté, que Nicolas ouvrit d’une main tremblante. Il y trouva deux feuilles de papier jauni, couvertes d’une écriture fine et soignée.

Ce fut Marilou qui lut, à haute voix, le récit du chasseur chaouanon, que le père Membré y avait relaté presque mot à mot. Ce document établissait, sans le moindre doute, pour Nicolas et pour sa femme, l’identité de l’Aiglon Blanc : c’était bien là leur enfant, le frère jumeau de Pierre, enlevé de son berceau par un Iroquois, à l’âge de six mois !

Marguerite s’agenouilla en pleurant auprès de son fils retrouvé ; elle saisit sa main et la couvrit de baisers et de larmes, et, dans un cri du cœur, remercia Dieu de lui avoir rendu son enfant. Nicolas, tremblant d’émotion, Pierre et Marilou, stupéfaits et attendris, se rapprochèrent du lit de l’Aiglon, toujours inconscient.

« Maman, n’as-tu pas du vin, ou quelque stimulant ? Ça le ramènerait peut-être plus vite ! »

Marchant comme dans un rêve, Marguerite sortit de la chambre et revint au bout d’un moment avec un verre d’eau-de-vie. On en fit avaler quelques gouttes au blessé. L’effet fut instantané… il ouvrit les yeux, vit les regards anxieux de ceux qui l’entouraient, et sourit… Ce sourire, c’était le sourire de Pierre Barbier ! La ressemblance commençait à se faire voir !

Pierre, prenant le verre, y ajouta un peu d’eau et s’approchant, souleva le patient et lui dit :

« Bois ! »

L’Aiglon but tout le contenu du verre et en ressentit un renouveau de vie.