Doucement, à cause de sa faiblesse, Marguerite l’entoura de ses bras maternels et l’embrassa avec une tendresse indicible. L’Aiglon, étonné, la regarda :
« Nicol ! Nicol ! dit-elle, tu es mon fils !
— Et le mien, dit Nicolas, l’embrassant à son tour.
— Tu es mon frère, fit Pierre, lui serrant la main.
— Mon frère à moi aussi, ajouta Marilou. »
L’Aiglon, retrouvant enfin sa voix, leur dit :
« L’Aiglon est fier de tes paroles, famille de Visages-Pâles, il voudrait…
— Tu n’es pas l’Aiglon ! s’écria la mère, tu es notre fils, volé par un Iroquois, quand tu étais bébé ! »
L’Aiglon, galvanisé par ces paroles, se dressa sur son séant :
« Qui a dit cela ? fit-il gravement.
— Ce papier écrit par le père Membré que tu nous as fait trouver dans ta ceinture… Tu savais, n’est-ce pas, ce que le père y avait écrit ? demanda Nicolas.
— Il m’avait dit : « C’est l’histoire de ta petite enfance » ; mais cette histoire, je la sais : c’est le Génie des airs qui…
— Mais non, mais non ! interrompit Pierre ; ce récit, veux-tu le lire ?
— Je ne sais pas lire, dit l’Aiglon.
— Alors, écoute, dit Marilou, tu vas entendre ce qui est écrit sur ces feuilles » :
D’une voix claire, bien que coupée par l’émotion, la jeune fille lut jusqu’au bout, nomma les signataires : « Nika (sa croix), Cavelier de La Salle, Henri de Tonty, Zénobe Membré, prêtre, franciscain », puis la date : « juin 1683, au fort Saint-Louis des Illinois »…
L’Aiglon avait écouté comme en extase… Il jeta un cri de ravissement ! Tout s’éclairait dans son passé obscur ! Il tendit les bras à ses parents, et ce fut un moment de bonheur ineffable.
De part et d’autre on expliqua les derniers événements ; puis l’Aiglon raconta un peu sa vie d’enfant, son séjour au