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l’aiglon blanc des illinois

fort Saint-Louis, sa capture au moyen d’un lasso et ses années de captivité dans la bourgade du Loup Noir.

Le signe rouge, formant un N, fut de nouveau palpé et examiné.

« Ah ! le brave père Membré ! s’écria Nicolas ; quelle reconnaissance nous lui devons d’avoir eu la pensée d’écrire ces lignes et de te faire promettre de les garder !

— Je m’explique maintenant, dit le jeune homme, la prière qu’il m’avait appris à dire » ; et il la répéta aux siens émus et émerveillés.

Puis, le nouveau Nicolas déclara qu’il se sentait bien mieux, et en état de se lever… Instinctivement, il chercha des yeux sa ceinture et sa parure de plumes blanches… Mais Pierre lui dit :

« Attends, tu n’es plus un Indien, tu es mon frère, Français, comme nous tous. Emmène Marilou, maman ; papa et moi, nous resterons pour la toilette de Nicol ! »

Dès que la porte fut refermée, l’Aiglon se leva ; il chancelait un peu ; Nicolas, croyant avec raison qu’il avait besoin de nourriture, alla vite s’en procurer, et ce fut, pour le convalescent, un excellent tonique.

Il était absolument de la même taille que Pierre. Celui-ci lui fit endosser son costume des dimanches : des bas, des souliers, une chemise, un pantalon et un veston. Restait la tête… Ces longs cheveux huilés, ça jurait avec les habits de civilisé… Pierre partit de la chambre et revint avec une cuvette d’eau chaude et des ciseaux… Nicolas coupa lui-même la chevelure de son fils, donna à sa tête la même forme que celle de Pierre, puis l’Aiglon lava ses cheveux dans la cuvette, les assécha et se regarda dans une petite glace suspendue au mur.

« Ce n’est plus l’Aiglon, dit-il, en riant, c’est toi, Pierre !

— Non, dit le père, dont la joie rendait la voix un peu rauque, ce n’est pas Pierre, c’est Nicolas, mon Nicolas, enfin retrouvé !