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l’aiglon blanc des illinois

Une quatrième enfant faisait maintenant partie de la famille Barbier, une fillette de huit ans partageait les jeux de Pierre et les travaux domestiques de Francine. Environ trois ans après la disparition du bébé Nicolas, deux Iroquois assaillirent, dans un champ, un colon du nom de Jean Lestrel. Celui-ci, armé de son fusil, réussit à les mettre en fuite, mais une flèche le blessa à l’épaule et le poison s’infiltra dans le sang. Ce malheureux voisin de Nicolas avait perdu sa femme peu de mois avant l’attaque ; il lui restait une bambine âgée de dix mois, dont Marguerite se chargeait parfois pour rendre service à Lestrel. À la mort de celui-ci, les Barbier l’adoptèrent.

« Vois-tu, disait, dans le temps, Marguerite à son mari, cette petite est seule au monde, pauvre Marilou ! Gardons-la, veux-tu ? Cela nous portera bonheur, et, qui sait… peut-être… »

Un sanglot s’étrangla dans sa gorge et l’empêcha de continuer.

« Je ne suis pas riche, lui dit Nicolas, mais, dame, il y en aura bien assez pour une bouche de plus… ne pleure pas, Marguerite, garde la petiote si tu le désires, j’avais d’ailleurs promis à Jean de m’en occuper. »

Dès lors, Marilou avait retrouvé une famille. C’était une gracieuse enfant, très blonde avec de grands yeux d’un bleu de campanule. Dans la maison, tout le monde l’aimait et Marguerite se réjouissait de cette adoption dont la fillette la payait en flots de tendresse pour elle et pour les siens.

Le soir lorsque la famille se rassemblait, le nom du petit Nicolas revenait souvent, et Pierre se plaisait à dire qu’il irait un jour à la recherche de son frère.

« Si je pouvais faire un grand voyage, comme les hommes qui sont partis avec monsieur de La Salle, je finirais bien par le retrouver !

— Non, non, disait la mère, il ne faudra pas partir… je ne veux pas vous perdre tous les deux !