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VI

Le récit du chasseur chaouanon


L’expédition de Cavelier de La Salle se composait de cinquante-quatre personnes[1], dont plus de la moitié, de race indienne ; parmi les vingt-trois Français qui avaient accompagné le découvreur, se trouvaient Henri de Tonty, brave militaire de descendance italienne, et un religieux récollet du nom de Zénobe Membré. Leur flottille se composait de huit canots ; leur séjour, au lieu du débarquement ne devait pas se prolonger, mais ils s’y étaient aménagé des abris temporaires.

Le soir des tragiques funérailles de l’Aigle, La Salle était à fumer auprès de son feu de camp, en compagnie de Tonty et du père Membré, lorsque Nika vint les rejoindre.

« As-tu revu ton petit Aiglon Blanc ? demanda La Salle.

— Hé, le pauvre ! Il a du chagrin, et le voilà seul !

— Où est-il ce soir ?

— Chez des cousins ; mais il retourne demain chez lui, j’ai promis d’aller l’y retrouver.

— Son père était un Illinois, n’est-ce pas ? dit le père Membré.

— Oui, répondit La Salle, et cet homme avait une apparence remarquable ! J’ai rarement vu autant de noblesse dans l’aspect général d’un Indien. Un chef de tribu, m’as-tu dit, Nika ?

— Hé. L’Aigle du Rocher était jadis, en effet, un grand chef ; il habitait au sommet d’un immense rocher qui surplombe la rivière des Illinois ; son territoire était traversé par la rivière Arimoni[2], dont les eaux fertilisantes inondent parfois le sol. L’Aigle avait épousé une jeune fille de ma

  1. Parkman.
  2. Rouge (en langue illinoise), cette rivière des États-Unis se nomme maintenant « Big Vermillion ».