— Partir ? Quitter la hutte ?
— Pour y revenir plus tard si tu le désires ; ce logis t’appartient ! »
L’Aiglon resta silencieux ; il soupira, son jeune cœur se serrait à la pensée du départ. Puis, il demanda :
« Vas-tu repartir tout de suite ?
— Je ne sais pas ; il faut que je parle aux Visages-Pâles dont j’ai accepté d’être le guide ; veux-tu revenir avec moi, maintenant, au camp français ?
— Non, non, dit vivement l’adolescent, j’aime mieux rester ici… pour aujourd’hui, en tous cas !
— As-tu des vivres ? Pourras-tu t’arranger seul ?
— Hé, je crois bien ; quand reviendras-tu ?
— À la tombée du jour.
— Alors, fit l’Aiglon, tu me trouveras ici !
— Sois brave, petit, lui dit le chasseur, se levant pour partir ; songe à ce que ton père aurait désiré.
— Quand j’étais petit, reprit l’orphelin, père me disait souvent : « Pas de larmes ! Le fils de l’Aigle est trop fier pour pleurer. » Mais maintenant qu’il est parti…
— Maintenant qu’il est parti, répéta Nika, il faut que tu sois un homme, un futur guerrier, un brave Aiglon qui sait endurer sa peine ! Allons, je te quitte ; tu me reverras avant le coucher du soleil !
— Je t’attendrai », répondit gravement l’Aiglon.
Nika partit pour retourner au camp ; il n’avait pas de plans définis au sujet de l’orphelin, mais il était bien décidé à ne pas l’abandonner.
Lorsqu’il eut rejoint Cavelier de La Salle et le père Membré, celui-ci lui dit :
« Hé bien ? Et ton Aiglon Blanc ? L’as-tu revu ?
— Hé, le pauvre petit gars ! Il se sent bien seul, ne sait ce qu’il va devenir !
— Pourquoi ne pas l’avoir amené ici avec toi, le pauvre gamin ? dit La Salle.