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IX

Départ


En quittant la hutte de l’explorateur, l’Aiglon partit à la recherche de Nika, voulant lui faire admirer son couteau de chasse. Il l’aperçut, un peu plus loin, avec le père Membré. Il hésita alors à le rejoindre… ce Visage-Pâle à tunique flottante (vêtement exclusif des sorciers, croyait-il) l’inquiétait. Dans les légendes que l’on racontait parfois, le soir, au logis paternel, les conteurs représentaient toujours les sorciers comme drapés dans de longues tuniques informes et sombres ; l’apparence de ce « père » comme on l’appelait, ne lui disait rien de bon, et il ne se rapprocha pas du chasseur. Celui-ci, cependant avait vu l’enfant s’arrêter, et il l’appela :

« Viens donc ici, mon gars, j’ai à te parler », dit-il.

L’Aiglon ne se décida pas tout de suite à obéir ; du bout de son pied nu, il décrivit sur le sol des signes cabalistiques destinés à conjurer le mauvais sort ; il redoutait un peu le regard, toujours cruel, des sorciers… puis, rassuré par ce geste protecteur que lui avait appris la Taupine, il s’avança et rejoignit le Chaouanon.

« Voici le père Membré, dit celui-ci, un ami de chef La Salle. »

L’adolescent regarda le père et à sa grande surprise, il ne vit dans sa figure que bonté, douceur et un sourire paternel.

« Jeune Aiglon, je suis heureux de te voir parmi nous ; Nika te dira que je veux être ton ami ! »

Le chasseur traduisit la phrase et le gamin, de plus en plus surpris, lui dit :

« Ce n’est donc pas un sorcier !

— Mais non ! Tu n’avais pas besoin de faire des sortilèges pour chasser le mauvais sort ! »