Page:Maxine - L'Aiglon Blanc des Illinois, 1938.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
l’aiglon blanc des illinois

L’Aiglon, rassuré, sourit alors, porta la main à son front et dit :

« L’Aiglon te remercie, il t’accepte pour ami.

— Voilà qui est convenu, dit le père ; mais quel beau couteau tu as, jeune Aiglon !

— En effet, dit Nika, continuant à servir d’interprète, où as-tu pris ça ?

— Un cadeau des Visages-Pâles, fit l’adolescent ; chef La Salle me l’a donné en leur nom ; vois la belle lame tranchante », continua-t-il, sortant le couteau de sa gaine de cuir.

À ce moment, le chasseur fut rappelé au camp et le jeune garçon demeura seul avec le religieux. Celui-ci, désignant le couteau, demanda par signe :

« Comment dis-tu ça dans ta langue ? »

L’Aiglon comprit et prononça le mot en illinois ; le père répéta le mot et dit à son tour, en français : « Couteau. »

Et le gamin répéta distinctement :

« Cou… teau… couteau !

— Bien », fit le père.

Prenant le couteau en question, il le lança adroitement sur un tronc d’arbre, où il piqua comme une flèche.

L’Aiglon courut le chercher et revint près du religieux qui lui fit signe de le lancer à son tour ; ce qu’il fit aussitôt ; mais au lieu d’atteindre le tronc, il piqua dans une branche assez haute. L’Aiglon s’élança avec l’agilité d’un chat, saisit le couteau et sauta légèrement sur le sol sans se laisser glisser le long du tronc. Le père applaudit, se fit dire encore quelques paroles en illinois, apprit au jeune Indien les mêmes mots en français et réussit à apprivoiser complètement le fils de l’Aigle.

Peu à peu le jeune Illinois avait lié connaissance avec tous les membres de l’expédition ; Français et Indiens lui avaient fait bon accueil et déjà il devenait, moins sauvage.