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l’aiglon blanc des illinois

Les côtés de ce rocher escarpé se dressaient altiers et rugueux, comme les murs d’une vieille forteresse[1] ; à l’avant, il surplombait, à une hauteur vertigineuse, les eaux paisibles de la rivière qui le baignaient à sa base ; son sommet occidental semblait se pencher sur la cime des grands arbres de la forêt, si proche de ce côté ; un étroit mais profond ravin en traversait le flanc, ce ravin semblait presque comblé, cependant, par l’épais feuillage des ormes, des chênes et des noyers. Un sentier rugueux et étroit s’élevait d’abord en pente douce à l’arrière du cap ; peu à peu, la côte devenait plus raide et la sente se dessinait en spirale. Les trois voyageurs, Nika en tête, marchant à la file indienne, montaient, montaient toujours… enfin ils atteignirent le sommet : c’était un vaste plateau de plus d’un arpent en superficie, couvert d’une dense forêt de jeunes chênes ; à un certain endroit, l’Aiglon découvrit les traces d’une habitation.

De cette hauteur la vue était merveilleuse.

« L’Aigle avait bien choisi son aire, murmura rêveusement Tonty.

— Hé, il savait qu’il aurait à s’y défendre, fit le chasseur.

— Il faut maintenant décider ce que nous avons de mieux à faire ; monsieur de La Salle désire que je me rende au plus tôt à Michillimakinac pour envoyer au gouverneur, à Québec, la nouvelle de la découverte de la Louisiane.

— Hé, il m’a dit cela, dit Nika.

— Il m’a laissé libre de décider avec toi si je dois prendre deux hommes et un canot et m’y rendre, ou si vous allez tous venir là-bas avec moi.

— Dois-tu revenir bientôt, chef Tonty ?

— Oui, sitôt ma mission accomplie.

— Alors, fit le chasseur, je crois qu’il vaudrait mieux

  1. Adapté de Parkman.