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XIII

Captif


Ce fut une stupeur générale au fort Saint-Louis lorsqu’on s’aperçut de la disparition de l’Aiglon. L’adolescent n’avait jamais cherché à s’éloigner et il ne comptait, dans la petite colonie, que des amis. La Salle et Tonty organisèrent des battues dans toutes les directions et Nika conduisait les recherches.

Le père Membré, désolé de la nouvelle et très inquiet de son néophyte, priait Dieu de le protéger.

Après plusieurs jours de vaines recherches, l’on crut à un accident… L’enfant avait dû tomber dans quelque gouffre, ou dans la rivière, peut-être… Pourtant, cette dernière hypothèse n’était guère probable : l’Aiglon Blanc nageait comme un poisson !

« Quelle est ton opinion, Nika ? » demanda LaSalle, voyant le chasseur sombre et inquiet et en proie à une nervosité dont il n’avait pas l’habitude. « Que penses-tu qu’il soit arrivé à l’Aiglon ?

— J’ai d’abord cru à un accident, chef : je me disais : le petit est sans doute tombé ; il a tellement l’habitude de grimper au faîte des arbres, il ne connaît pas le danger ; il a dû se fracturer un membre… ou il est inconscient… Mais aucun des Indiens, ni personne ici ne l’a vu ; malgré les recherches, il n’y a de lui nulle trace. Alors…

— Alors, fit Tonty, tu crois à une fuite ?

— Non, non, pas une fuite ! L’enfant nous aime bien, et il est trop franc pour s’enfuir… Mais son adresse à repérer les Iroquois lui a peut-être été funeste !

— Tu penses, s’écria le père Membré avec émotion, qu’il a pu être tué par les Iroquois ?

— Pas tué, peut-être, mais à coup sûr, enlevé !

— Enlevé ? Mais comment ? reprit La Salle. Qui l’a vu en dernier ?