sauver, petit Jeannot, il était bon et loyal, et Dieu a sûrement ratifié le baptême « in extremis » que lui a conféré le capitaine Dupuis.
Bien des années plus tard, lorsque Jeannot fut devenu un homme, établi, lui aussi, aux environs de Lorette, il voulut refaire le voyage au pays des Sénécas, en compagnie de son père. Le chasseur, blanchi par les années, mais encore viril, se rappelait fort bien le trajet suivi jadis en sens inverse par la troupe des fugitifs de Gannentaha.
Ils contournèrent le lac Seivisala jusqu’aux abords de la petite rivière et s’arrêtèrent au site jamais oublié où s’était accompli l’héroïque dévouement de leur ami de race indienne.
Le bois était devenu extrêmement dense, mais on retrouva le groupe des jeunes sapins d’alors, maintenant des arbres géants ; en les examinant avec attention, le chasseur y découvrit la trace des incisions faites jadis avec son couteau et qui marquaient d’une cicatrice l’écorce rugueuse des troncs.