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LA CACHE AUX CANOTS

terribles jours de l’épidémie de variole, la faim, la famine, le passage des Iroquois et l’affreuse amputation de son bras, les tortures, la fièvre, la picote… puis la venue de Robe-Noire et la guérison soudaine qui s’en était suivie.

— Hé, se dit-il, songeant à l’horrible fin de son guérisseur, j’ai donc maintenant deux raisons pour me venger de mes ennemis !

Sa mémoire retrouvée lui fit penser à ses parents adoptifs ; il se rappela, avec émotion, les circonstances tragiques de leur mort, le massacre de Petit-Loup, son jeune frère tant aimé… Il revit en esprit les ruines fumantes du wigwam que son regard égaré n’avait pas cherché à s’expliquer, lorsqu’il avait repris connaissance après la tragédie, et, dans son cœur de primitif, les Andastes, comme les Iroquois, furent voués à la vengeance.

La notion du temps, néanmoins, lui demeurait encore vague ; ses longues années errantes ne lui semblaient qu’une étape passagère durant laquelle tous ces événements avaient sommeillé dans sa mémoire ; il ne savait plus au juste son âge ; sauf, sous ce rapport, Amiscou était redevenu un Indien normal et d’une rare intelligence.

Il usa de ruse, cependant, et garda volontairement son expression un peu étrange, afin de se procurer facilement les vivres et la couverture partout où l’amenaient ses pérégrinations.