moire, et il se prit à penser à son art, longtemps oublié…
Un jour, il prit de l’écorce de bouleau et, à l’aide de son couteau, il confectionna, pour le petit Français, un canot minuscule, que celui-ci put faire flotter dans un ruisseau tout près de la maisonnette : ceci n’était qu’un jouet mais offrait la réplique exacte d’un canot véritable. Heureux de constater qu’il se rappelait encore l’art de travailler l’écorce, le manchot résolut de fabriquer une réelle embarcation, durable et solide comme celles que confectionnait jadis Cerf-Agile. Quelle belle surprise pour son ami, au retour du voyage ! Certes, ce serait un assez long travail, mais, bah !… le soleil se levait si tôt à cette saison… disparaissait si tard… Dès le lendemain, il se mit à l’œuvre ; il eut bientôt abattu les arbres qu’il lui fallait et se mit en frais d’en lever l’écorce.
L’Indien avait appris à Jeannot la surprise qu’il préparait pour le retour de son papa, aussi l’enfant était intéressé dans le travail de son grand camarade ; celui-ci l’amenait avec lui dans le bois, près de sa grotte, et le petit s’amusait tandis que le manchot travaillait assidûment de toute la force et l’adresse de son unique bras.
— Quand auras-tu fini ? lui demanda un jour Jeannot.
Hé !… je crois bien que lorsque mûriront les petites fraises rouges que tu aimes tant, la barque devrait être terminée !