IX
UN CANOT
EPUIS que le Huron avait recouvré la mémoire, il ne s’était jamais trouvé à séjourner aux environs d’un grand cours d’eau, mais la forêt, où il habitait maintenant, était sise sur les bords du lac Gannentaha (lac Salé). Une petite rivière ayant sa source dans le grand lac-des-Iroquois[1], alimentait le lac Salé ; cette rivière, qu’on appelait Oswégo[2], reprenait son cours à l’autre extrémité du lac, d’où elle s’écoulait en un étroit et long canal pour se déverser ensuite dans le lac Seivisala, au domaine des Indiens sénécas.
Peu de temps avant son départ, le chasseur avait dit :
— À mon retour, dans l’été, Amiscou, je me procurerai un canot et nous irons faire des randonnées ensemble !
Le souvenir de cette phrase éveilla, chez le manchot, un coin encore engourdi de sa mé-