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XIII

EN NOUVELLE-FRANCE



AINSI, le pauvre petit mousse, comme son ami Martin Le Bourru, allait payer deux fois la dette de sa blessure de l’Alcide… mais pour lui, le ciel fut clément… Marc ne devait pas mourir des suites de l’explosion.

Lorsque sa blessure fut pansée, il ouvrit les yeux pour un instant, avala un calmant que lui donna le chirurgien et parut se rendormir… Vers le matin, il délirait un peu… parlait anglais, s’adressait au sergent, à Rosie, se croyait évidemment à la ferme. Lorsqu’on le plaça sur un brancard pour l’emporter, au départ du détachement, il n’en eut pas connaissance et paraissait dormir, tout en divaguant un peu… il se croyait toujours auprès de Mistress Gray… Jim allait revenir… Les soldats qui le portaient dirent.

— C’est un petit Anglais, bien sûr !

Ce voyage à difficultés incroyables, par des chemins à demi dégelés, le passage de cours d’eau dont les glaces n’étaient pas sûres et sur lesquelles il fallait traîner des bateaux et des bagages, dura toute une semaine. Pendant ce temps, Marc devint plus malade… la fièvre augmenta… On savait maintenant dans la petite armée que l’enfant n’était pas anglais, car dans son délire il avait souvent parlé français, et on ne pouvait se méprendre à son accent…