Page:Maxine - La huronne, 1943.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
LES FEUX-FOLLETS

Le Blanc à Jean-Louis était revenu en brosse de chez son oncle, dans le rang du P’tit Cap… L’Blanc avait oublié de payer sa dîme, ou plutôt, il faisait semblant, depuis deux ans, de l’oublier…

— Que lui est-il arrivé ? demanda Marc, intéressé.

— Rendu au milieu de la grand’route, vers minuit, son cheval s’arrête net…

— Qu’est-ce qu’il y avait ?

— Marche, donc ! Cancre ! crie Ti Blanc à son cheval, en lui lançant un coup de fouet… mais le cheval ne bronchait pas… Alors, voyant une carriole qui arrivait, Ti Blanc leur crie d’arrêter… « Allons, allons, quoi que c’est ? » que l’autre demande. « C’est mon moses de cheval qui veut pu marcher » ! « Tu vois ben, pauv’innocent, que c’est un loup-garou qui barre le chemin ! » « Quoi faire ? » que dit Ti Blanc. « Fais un’croix sur la neige avec l’manche de ton fouet, si tu doé de l’argent promets de payer ou ben… » pi la carriole repartit au grand trot du cheval… pi Ti Blanc fit un’ grand’croix su la neige et promit de payer sa dîme… dès ce moment, le cheval se mit à trotter, mais vré de vré une lueur bleu suivit la carriole quasiment tout l’reste du chemin et Ti Blanc, complètement dégrisé, se mit à dire son acte de contrition ! »

Marc ouvrait des grands yeux et s’amusait fort de ces récits extraordinaires.

— Sur l’eau, père Ladoré, il n’y a pas de feux-follets ?