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LA HURONNE

— Ah ben ouiche, tu cré ça, mon p’tit ! Ben, moé, j’peux t’dire que ceusses qu’ont pas la conscience en paix en rencontrent souvent ! Ils viennent tirer l’gouvernail ou faire devier les rames, y en a qui sautent su l’eau comme des grosses mouches à feu !

— Ils ne suivent pas les bateaux à moteur, hein, ni les gros vaisseaux ?

— Ça mon p’tit, c’est c’que j’peux dire ! J’ai jamais navigué avec des engins !

— Tu connais grand-père depuis longtemps ?

— Oui, on est du même temps ! Ça c’t un homme ! Ça, ç’a jamais couru le loup-garou ni fait danser les feux-follets !… C’tait un rude gaillard dans sa jeunesse, mais jamais y a trompé personne ! Non, pas pour une piastre ni pour deux piastres !

Marc tressaillit… le souvenir du billet dérobé lui revint à la mémoire…

Ce soir-là, il dit à sa mère :

— Maman, est-ce vrai qu’il y a des feux-follets et des loups garous ?

— Pas comme le raconte la légende, chéri, mais, tu sais, le feu-follet, au fond, c’est la conscience… le loup-garou, c’est le remords qui fait peur et fait imaginer toutes sortes de choses !

Marc resta songeur… mais il ne parla plus des feux-follets…

Dès septembre l’on retourna à Montréal, Gabrielle