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Page:Maxine - La huronne, 1943.djvu/57

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LE SECRET DE MARTIN

donne un gros coup sur la tête et je perds connaissance… Mon fieu, je fus trois mois à l’hôpital, puis toute une année chez ma vieille mère à Marseille. Quand je fus tout à fait rétabli, je repris la mer, mais mon bateau était parti vers les Indes, je m’engageai alors sur l’Alcide… Je voulais toujours savoir où était Lebrun. Je sus qu’il avait laissé la marine et qu’il habitait Toulon. J’appris aussi la mort de ton père…

L’année suivante, l’Alcide resta quelques jours dans la rade de Toulon et j’étais en permission un soir, lorsque, passant dans une rue sombre, je vis une bataille d’ivrognes. Je m’approche… trois bandits s’acharnaient sur un homme et achevaient de le faire mourir, pour le dévaliser… Je joue des poings, je pousse, je bouscule et finalement ils prennent la fuite laissant leur victime baignant dans son sang… Je le relève et le transporte dans une hôtellerie et juge de ma surprise… à la lueur des bougies, je reconnais… Lebrun ! Il était mourant… Il ouvrit les yeux, me reconnut et dit : « Tu es vengé, Martin ! »

— Mais mon lieutenant ne l’est pas, et il en est mort à la peine ! que je dis.

— Pauvre Granville… C’est un autre qui m’avait payé pour lui jouer ce sale tour !

— Un autre ? que je dis…

— Oui… il lui en voulait… C’est Cab… « Un frisson le secoua… » Un prêtre, Martin, vite, un prêtre !