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VERS L’INCONNU

Aux premiers jours de mars, le sergent arriva en permission pour deux courtes journées.

Le soir de son arrivée, sa femme lui montra le message du capitaine.

— Que faut-il faire, Jim ?

— Lui en parler, d’abord. C’est un garçon intelligent, un brave gars que je garderais volontiers…

— Oui, moi aussi ! dit sa femme, et peut-être voudra-t-il rester… il ne connaît personne là-bas !

— C’est vrai, mais c’est un petit Français, après tout… enfin, nous lui en parlerons demain et s’il veut partir, je l’amènerai avec moi à mon départ après-demain.

Le lendemain, le sergent et sa femme firent part à Marc du message de liberté. Ses yeux brillèrent de joie…

— Je ne suis donc plus prisonnier ? dit-il.

— Non, mon ami, dit doucement la fermière.

— Et je pourrai passer en Canada et de là retourner en France ?

— Oui, si tu le veux… mais tu n’as pas d’argent, et tu ne connais personne ! Que vas-tu faire ?

Marc resta songeur. Il n’avait pas pensé au manque d’argent… mais il pourrait bien travailler au Canada comme à la ferme ; d’ailleurs, il était mousse… il pouvait s’engager en cette qualité sur un navire qui partait vers la France… Il regarda la bonne fermière et dit :