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MOMENT DE VERTIGE

lave-mains avec un bassin de granit. Une catalogne rayée ornait le plancher. Un court rideau de coton blanc, bien empesé, masquait la toute petite fenêtre. Un rameau de sapin séché, fixé au mur, surmontait un petit miroir à cadre de bois, où Marthe se vit avec une figure drôle et longue. Marcelline essuya le miroir avec un coin de son tablier pour y enlever une poussière imaginaire… tout reluisait de propreté.

— Je serai bien, bien, ici, Nini et je suis contente de rester chez toi ! Ça ne te fatiguera pas ?

— Ben mé ! Moé qui su’s contente à plein ! J’vas vous faire des bonnes crêpes pour souper, pareilles à ceusses que vous aimiez en premier !

Pour Marcelline, les choses du passé, c’était invariablement « en premier ». Marthe défit alors son petit bagage et sortit pour sa bonne une grand châle de laine, un fichu de soie grise et un chapelet à grains blancs. Marcelline, surprise et contente, ne se lassait pas de les admirer.

— Je t’ai rapporté ça de mon grand voyage, dit la jeune fille. Le chapelet a été béni par notre Saint Père le pape !

Lorsque Marthe eut un peu rafraîchi sa toilette, elle sortit pour se rendre au cimetière et à l’église.

Le cimetière de Bellerive ressemblait à la plupart des autres cimetières de campagne. Marqué au centre d’une grande croix noire et entouré d’une palissade de bois blanchi. On y entrait par de