— J’cré ben jamais êt’e forte comme en premier, mais l’bon Dieu f’ra comme y voudra ! ajouta-t-elle avec soumission.
Lorsque tout fut rangé, Marthe s’assit pour causer un peu, en attendant l’arrivée de Noël.
— Quel âge que vous avez, à c’t’heure, mam’zelle Marthe ?
— Vingt-deux ans, Nini… bientôt vingt-trois !
— Pi des cavaliers, vous devez en avoir ben manque ?
— Pas tant que ça ! J’ai bien des amis, mais des cavaliers pour vrai, je n’en ai qu’un… et encore…
— Un c’est plus dangereux que plusieurs… Y est y ben riche ?
— Oui, on le dit.
— Y est y bon garçon… pas coureu ?
— Je crois bien, dit Marthe en riant, je ne me suis jamais renseignée là-dessus !
— Renseignée… renseignée grommela Marcelline, faut toujou’s savoir ça ! On connaît pas l’crapaud à l’voir sauter ! Y est y beau garçon ?
— Pour ça oui, c’est un très bel homme.
— Et vous allez vous marier ben vite ?
— Non, je n’ai pas dit que je me marierais… Je ne suis pas pressée… Je vais faire une vieille fille comme toi, Nini !
— Faut pas faire ça ! dit celle-ci, la prenant au sérieux, ça fait tant qu’on est jeune, mais quand on vieillit c’est triste d’et’e tout seule. Mariez-