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MOMENT DE VERTIGE
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« Les grands arbres du parc, où me guida l’ennui
Par ce maussade et terne après-midi d’automne,
Ressemblent aux puissants, que la foule abandonne
Sans pitié ni remords, quand le succès les fuit.

Plus de couples rêveurs, que l’amour alanguit !
Plus d’oiseaux, plus d’enfants, jouant près de leur bonne…
Depuis qu’ils ont perdu leur verte couronne,
Les grands arbres sont seuls, le jour comme la nuit.

Mais malgré l’abandon des hommes et des ailes,
Et les durs quolibets des vents, qui les harcèlent,
Ils sont tous restés droits, comme aux beaux jours d’été !

Lorsque l’adversité nous adopte pour cibles,
Sachons donc, à l’instar des arbres impassibles,
Demeurer le front haut, avec sérénité. »

L. M.


« Belle pensée, n’est-ce pas, Pierre, que celle de ce poëte canadien ! Et dans votre fierté blessée, vous avez été, sauf un moment de découragement, droit comme nos grands arbres… mais il ne faudra pas avoir leur rigidité !… N’est-ce pas que vous me délierez bientôt de cette promesse de silence ? N’est-ce pas que vous me permettrez de dire à vos parents que vous vivez, que vous avez un bel avenir devant vous, grâce à vos talents, à votre probité, et que la carrière que vous avez embrassée vous a apporté le calme, le bien-être, sinon l’oubli !

Au revoir, Pierre, mon enfant. Que Dieu vous protège et vous bénisse.

Votre vieil ami,
François Sylvestre, ptre. »