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MOMENT DE VERTIGE

Pierre remit les feuillets dans leur enveloppe. — Ah non, se disait-il, je ne veux pas qu’on sache où je suis ! Pierre Smith, quoique seul, est moins triste que ne le serait Pierre St-Georges, sur qui plane un soupçon de crime ! — et s’asseyant à la table, il traça rapidement les lignes suivantes :

« Mon cher protecteur et ami, Merci de votre bonne lettre. Non, je ne veux pas parler ! Je reste Pierre Smith jusqu’au jour où le coupable sera connu… si ce jour arrive jamais ! Je vous connais assez pour savoir que vous direz pour moi bien des oremus à cette intention ! En attendant, je reste avec les grands arbres de nos forêts qui ressemblent à ceux des parcs, dont votre poëte a si bien vanté la fierté !

Je suis très occupé, ma santé est excellente et mon humeur pas trop morose malgré tout !

Je pense souvent à la charmante Geneviève Aumont et je me demande ce qu’elle est devenue ? Si elle est encore à Rexville ? Si elle est mariée ? Je vous ai dit, n’est-ce pas, comme elle fut crâne, franche et loyale dans son témoignage à l’enquête.

Merci encore, cher ami. Vous m’avez sauvé de moi-même, il y a cinq ans, et votre intérêt paternel qui ne se démentit pas, me touche infiniment. C’est dire que vous avez toute ma reconnaissance et mon filial attachement.

Du fond de mon chantier de bois, je vous envoie le meilleur souvenir du véritable Pierre. »