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MOMENT DE VERTIGE

— Ensuite, je serais aussi peu catholique qu’avant, parce que j’aurais agi contre les lois de l’église !

— Bah ! Une petite confession et tout sera arrangé… d’ailleurs, mon amour ne vous suffira-t-il pas ? Si vous saviez combien il est ardent !

— Je vous crois, mon ami, mais ne me faites plus de peine ! Et dans ces deux petites semaines qui nous restent mettons autant de bonheur et de beaux souvenirs que possible !

Ils causèrent longtemps. Le départ prochain d’André, son divorce, les malheurs domestiques des Defoye, le fiancé de Claire St-Georges qui semblait si peu populaire depuis son arrivée au Canada, tous ces sujets d’intérêt immédiat furent discutés dans leur long entretien. Mais André revenait toujours à la charge, essayant de persuader la jeune fille de l’insanité de sa décision.

Lorsque Marthe se retrouva dans sa petite chambre de pension, elle n’avait pas fléchi dans son refus, mais elle se sentait triste, énervée, frémissante… papa… maman… me voyez-vous ? demanda-t-elle mentalement… puis, presqu’à demi-voix : Jacques, viens me protéger contre moi-même… Noël, grand ami, au secours ! Mais une révolte inavouée contre cette foi qui l’empêchait de prendre tout le luxe et le bien-être que pourrait lui donner André, lui fit omettre sa prière habituelle. Un frisson la secoua toute et elle s’endormit d’un sommeil fiévreux et agité.