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Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/222

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MOMENT DE VERTIGE

large et facile, cette certitude tant souhaitée, n’apaisait plus la cuisante douleur de son âme troublée… Il ne lui restait au cœur qu’un ressentiment contre l’injustice de la vie qui l’avait poussée à un coup de tête si grave !

Après quelque temps de lutte intérieure, elle se dit : — Même si je le voulais maintenant, je ne puis plus reculer ! Je suis finie… perdue ! Perdue pour Jacques, qui ne me pardonnera pas ! Perdue pour Irène, qui ne pourra pas admettre que j’aie été forcée d’agir ainsi ! Perdue pour tante Beauvais qui va me renier ! Perdue pour l’abbé Sylvestre qui sera tenté de me maudire, pour ma vieille Nini qui ne comprendra pas, pour Noël… le seul peut-être qui eut pu me sauver, et qui me pardonnera… Lorsque mon train passera à Bellerive, comme il va souffrir ce brave cœur !… Neuf heures passées… Dans moins d’une heure, j’aurai traversé pour la dernière fois ma petite patrie…

Le train s’arrête… c’est une jonction où il y a un arrêt de cinq minutes… On frappe à la porte… c’est André, sans doute ?… elle ouvre avec précaution… Noël s’écrie-t-elle, stupéfaite.

Il entre, lui serre la main d’un air fraternel et protecteur !

— Vite, Marthe, je vous emmène ! Venez ! Je prends votre porte-manteau… mettez votre pelisse et venez !